Evoquer la rentrée, c’est d’abord revenir sur l’été qui vient de s’achever. « Un été brûlant », selon la coprésidente Victoire Violanes. « Un été éprouvant physiquement, à cause de la sécheresse et de la dermatose, avec des charges de travail intenses, et aussi mentalement car à la pénibilité du travail, s’ajoute l’inquiétude croissante pour l’avenir. » Dans ce contexte, l’élue de Guadeloupe a rappelé le cap fixé par le Modef : des prix planchers garantis, le coefficient multiplicateur pour limiter les marges abusives, le fonds mutuel de garantie face aux aléas climatiques, une sécurité sociale agricole où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins… « Le Modef reste aux côtés de ceux qui veulent une agriculture humaine, juste et durable », a-t-elle insisté.
Frédéric Mazer, coprésident, a enchaîné sur l’incertitude politique du moment et les derniers accords de libre-échange avec le Mercosur et les Etats-Unis : « Je ne vois aucun agriculteur qui est pour ces accords et pourtant, ils sont défendus par les dirigeants des syndicats majoritaires, a-t-il grincé. Un écart monumental est en train de se creuser entre la base et ses représentants. »
« Pourquoi ne pas faire une lettre commune contre le Mercosur, puisque tout le monde agricole s’y oppose », a rebondi le secrétaire général Didier Gadea. Une façon de mettre certains appareils face à leurs contradictions, même si l’initiative a peu de chance d’aboutir.
Nicolas Guitard, élu de l’Aveyron, a ensuite détaillé les conséquences du Mercosur : « La commission européenne a utilisé une entourloupe pour imposer le traité de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Le traité prévoit l’importation en Europe de 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 tonnes de volaille, 45 000 tonnes de miel, et on en passe. Il constitue une grave menace pour l’agriculture française et européenne, une concurrence déloyale avec des normes sociales, environnementales et sanitaires différentes des nôtres. Il menace les conditions de vie des paysans, que l’UE abandonne et utilise comme monnaie d’échange au profit d’autres secteurs industriels. Cela aura des conséquences désastreuses. »
Mobilisation
En conséquence, le Modef demande à la France de formuler une requête en nullité auprès de la Cour de justice de l’Union européenne. « Les parlementaires français doivent se lever contre ce nouveau diktat de la Commission », a appuyé Frédéric Mazer.
Didier Gadea a ensuite évoqué la situation particulière de la filière viticole, première victime d’un autre accord commercial, celui entre l’UE et les Etats-Unis : « Nous sommes contre le libre-échange mais pour la coopération entre pays, avec des prix garantis et l’encadrement des marges, a-t-il rappelé. D’ailleurs je n’ai jamais vu le vin aussi cher dans les magasins et les restaurants, et aussi mal payé aux viticulteurs… Les Etats-Unis sont la première destination pour nos vins et spiritueux, cet accord aura donc un impact très important sur la filière. »
Pour Frédéric Mazer, il est « honteux » d’entendre des syndicats agricoles réclamer un arrachage dit « social » des vignes : « C’est comme si une centrale ouvrière demandait des licenciements, a-t-il comparé. Qu’on ne s’y trompe pas : ce sont les petits qui vont arracher et disparaître et les gros qui vont racheter des terres, on aura donc encore plus de concentration dans la viticulture. »
Pour conclure, les représentants du Modef ont donné rendez-vous au 18 septembre, journée de mobilisation intersyndicale, à laquelle ils entendaient participer. Frédéric Mazer a fustigé « une classe politique qui met au défi le peuple pour imposer une politique qui privilégie toujours les mêmes. Le Modef s’est toujours tenu aux côtés des petites exploitations qui sont les plus impactées par le changement climatique et par les conditions économiques que nous imposent la grande distribution et les agro-industriels ».
Un colloque pour les 80 ans de la loi sur le métayage
L’année 2026 marquera le 80e anniversaire de la Loi sur le métayage. Le statut du fermage est un sujet très important pour nous, a rappelé Frédéric Mazer et la question du foncier demeure une de nos priorité. Vous serez invités à venir écouter ce colloque au printemps. sans plus de précision sur le lieu et la date de ce colloque.
Mayotte : élections en janvier
La campagne pour la Chambre d’agriculture de Mayotte doit se dérouler du 7 au 30 janvier 2026. Les élections n’avaient pu avoir lieu en début d’année à cause du passage du cyclone Chido. Victoire Violanes s’y rendra début décembre pour accompagner les agriculteurs locaux et montrer que le Modef est avec eux. « On a besoin de Mayotte et le Modef va gagner à Mayotte, c’est une certitude », a-t-elle lancé. La Chambre locale est aujourd’hui détenue par la Confédération paysanne.