Le revenu

Le revenu

Le revenu

Peut-on demander aux paysans de garantir la souveraineté alimentaire de notre pays et d'accomplir une révolution agroécologique, sans leur donner les moyens de vivre de leur métier ?

Avant toute chose, chaque paysan doit recevoir un revenu décent pour son travail, issu en premier lieu de la vente de son produit. C'est pourquoi le Mouvement Paysan des Landes défend les prix planchers et la garantie de la prise en compte des coûts de production.

Cette revendication essentielle a honteusement été oubliée des négociations entre l'Etat et le syndicat majoritaire suite au conflit de début d'année 2024. Et la révision des Lois Egalim 1 et 2 a été emportée par la dissolution de l'assemblée.

Et pour cause : le revenu des paysans, c'est la marge de l'industrie agro-alimentaire et de la grande distribution ! Or le taux de marge de l'industrie agroalimentaire est passé de 28 à 48% entre fin 2021 et début 2023. La grande distribution a elle aussi augmenté fortement ses marges comme le montre le dernier rapport annuel de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires.

Ces marges appauvrissent les paysans et nourrissent les actionnaires. En 2022, Danone, qui figure en tête des groupes agroalimentaires en France, a versé 1,2 milliard d’euros à ses actionnaires, et prévoit une hausse de ce montant de 3,1 % en 2023. Le géant mondial du lait Lactalis a annoncé, en avril dernier, avoir dépassé les 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, détrônant Danone du fauteuil de numéro un français de l’agroalimentaire.

Le bilan de ce système est dramatique. En amont des filières, les agricultrices et agriculteurs ne voient pas leurs prix de vente augmenter. En aval, les Restos du cœur annoncent qu’ils vont devoir refuser des bénéficiaires en cette fin d’année 2023. La loi Alimentation, adoptée en 2018 au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron et pour mieux répartir la valeur ajoutée au sein des filières, a échoué. Celles et ceux qui nous nourrissent d’un côté, consommatrices et consommateurs de l’autre, demeurent les parents pauvres d’un système alimentaire tenu par l’agro-industrie. Sur un caddie de 100 euros au supermarché, moins de 6,5 euros reviennent au monde agricole. 


Pour garantir un revenu décent aux agriculteurs, tiré de la vente de leur production, le Mouvement paysan des Landes propose : 

- La majoration des aides Pac sur les 52 premiers hectares afin qu'elle profite à tous : aujourd'hui, 64% du revenu des exploitations agricoles provient de la Pac. Or, 80% des aides reviennent aux 20% des agriculteurs qui possèdent le plus de surface.

- Renforcer les organisations de producteurs et l'offre groupée sur le territoire pour peser face à l'aval.

- Militer pour l'application des prix planchers et le renforcement des lois Egalim.

- Favoriser les ventes directes et circuits courts, en soutenant de nouveaux modèles de distribution sur le territoire, en lien avec les collectivités (livraisons, marchés mobiles, Amaps, Sécurité sociale de l’alimentation)

- Mener des actions groupées en justice contre les acheteurs qui pratiquent des prix abusivement bas, comme le permet la Loi Egalim. 

- Défendre les productions d'excellence du territoire, plus à même d'apporter de la valeur ajoutée aux producteurs, en refusant les baisses d'exigence des cahiers des charges.

- Imposer des mesures/clauses miroirs sur les importations de produits agricoles pour ne pas exposer les producteurs français à une concurrence déloyale.