Un Congrès qui fera date

La présidente Mélanie Martin.

Un Congrès qui fera date

Un Congrès qui fera date

Le 82e Congrès du Modef des Landes, le 8 mars 2024 à Gamarde, a marqué le lancement de la campagne pour les élections professionnelles qui auront lieu en janvier 2025.

Plus de 80 personnes assises face à la tribune officielle, une dizaine (déjà) accoudée à la buvette et d'autres encore s'affairant en cuisine… Au total ce sont bien une centaine d'agriculteurs, élus, curieux et sympathisants qui ont assisté à ce 82 Congrès du Modef des Landes, le vendredi 8 mars dans le hall des sports de Gamarde-les-Bains. Un succès historique et la preuve que notre profession s'interroge sur son avenir et ressent plus que jamais le besoin de se mobiliser pour sortir de l'ornière où l'ont plongée plusieurs décennies de choix politiques et syndicaux destructeurs.

Mobilisation, ce fut le maître-mot de cet après-midi d'échanges, comme l'a rappelé Mélanie Martin dans ses discours d'introduction et de conclusion (lire page précédente) et Eric Labaste dans son rapport d'activités. 

Restructuration

Tout au long de cette année 2023, notre syndicat a en effet opéré une vaste refonte de son fonctionnement : arrivée d'un nouveau journaliste et chargé de communication (Sylvain), d'une nouvelle animatrice à l'Alpad (Marion), lancement d'un nouveau site internet, transfert des missions de Josette Gaube (partie sociale, comptable, facturation et service TVA) en partie à Marie et au cabinet Cogéré, acquisition d'un logiciel de gestion plus moderne… Autant de changements qui doivent nous permettre d'être à la fois plus actifs, plus visibles et plus efficaces au quotidien.

La grande nouvelle vient de la signature d'une promesse d'achat pour un nouveau bâtiment (ancienne Villa du Coq Hardy route de Sabres) qui abritera après travaux les bureaux de Cogéré et du Modef : "Nous veillerons à ce que les archives et l'histoire de notre mouvement soient préservés lors de ce déménagement", a souligné le trésorier Patrick Alirot. 

congrès Modef assemblée
Thématiques trimestrielles

Le secrétaire général Eric Labaste a poursuivi son rapport d'activités en rappelant les thématiques trimestrielles mises en avant par le syndicat au cours de l'année écoulée. "Ces thématiques nous ont permis d'approfondir notre réflexion interne, d’approfondir nos relations avec nos partenaires historiques mais aussi d’étoffer nos réseaux, notamment au sein du monde non-paysan", a rappelé Eric Labaste. "Il nous semble fondamental de sensibiliser la population aux réalités vécues sur les fermes et aux opportunités que représentent les fermes familiales et paysannes en termes de consommation locale, de leviers économiques et de vitalité pour nos campagnes, en plus de solutions pour ralentir les changements climatiques et s’y adapter."

La Sécurité sociale de l'alimentation

Le premier trimestre 2023 fut ainsi consacré à la Sécurité sociale de l'alimentation. Un thème qui, au-delà de son intérêt politique et économique, permet de faire du lien entre producteurs et consommateurs. En lien avec le groupe local d’Attac Marsan, le Modef a réussi à fédérer une vingtaine de structures actives sur le département pour porter ce sujet sur la place publique à travers des ateliers, des réunions de secteur, des ciné-débat, tables-rondes, conférences et formations notamment avec Mathieu Dalmais, membre des premiers initiateurs de cette réflexion au niveau national. Tous ces travaux ont été conclus le 20 février dernier par une journée entière rassemblant l’ensemble des structures participantes pour décider de la suite à donner à cette initiative locale. Il a été décidé de se déclarer "collectif landais pour la SSA" afin de bénéficier de l'accompagnement du réseau national et de poursuivre les actions en commun. En particulier faire connaitre de dispositif aux agriculteurs et agricultrices qui en seraient les premiers bénéficiaires. 

congrespublic
Les énergies renouvelables

Cette deuxième thématique s'imposait d'elle-même face à l’arrivée de ce qui est communément appelé agrivoltaïsme. Le monde agricole voit se développer depuis quelques années la production de bio-éthanol, de gaz via des méthaniseurs, et maintenant la production d’électricité via des panneaux photovoltaïques. La démesure de certains projets conduit au détournement de terres agricoles et nourricières pour de la production d’énergies dites "renouvelables". Le Modef des Landes, sur la sollicitation du "Collectif citoyen pour Saint-Pierre-du-Mont", a organisé une conférence avec Marc Dufumier dans le cadre du trimestre sur les énergies renouvelables à Saint-Pierre-du-Mont. 

Lors de l'examen du projet Terr'Arbouts en CDPENAF, le Modef des Landes s'est battu pour que soient respectés les droits fondamentaux des paysans et notamment l'application du bail rural afin de garantir l'activité agricole. Ils ont rencontré Madame la Préfète suite à la validation en CDPENAF de ce dossier. Aujourd’hui, l’enquête publique est lancée et sera clôturée le 22 mars. Le syndicat va déposer un avis mais nous invitons également chacune et chacun d’entre vous à en faire autant !

L'eau 

Ce fut la troisième thématique de l'année, motivée par les violences qui ont éclaté sur ce sujet au cours des derniers mois, symptômes d’un débat sclérosé au sein du monde agricole mais aussi avec la société. "Il ne s'agit pas d'être pour ou contre. L’irrigation est nécessaire dans l’agriculture, mais elle doit servir prioritairement une agriculture nourricière valorisée localement", a rappelé Mélanie Martin. Par ailleurs, des pratiques plus vertueuses permettraient de préserver la ressource, à condition qu'elles soient rémunérées à leur juste valeur. Ce fut le message porté par la présidente du Modef et les nombreux agriculteurs lors de la table-ronde organisée par le syndicat en novembre à Saint-Paul-lès-Dax, autour de trois spécialistes de l’eau et du climat : Alain Dupuy, hydrogéologue, Gilles Bœuf, biologiste, docteur en sciences naturelles et Serge Zaka, agroclimatologue. Dans le même temps, les négociations autour de l’AUP se poursuivaient au sein d'Irrigadour et de l’Association pour la gestion de l’irrigation des Landes (Agil) dans laquelle le Modef a des représentants. Une rencontre a eu lieu entre le président de l’Agil et Mélanie Martin, pour faire le point sur les négociations. Le choix d'enfermer la profession dans un rapport de force menace, à terme, la gestion de la ressource par les agriculteurs qui en bénéficient. Les élus et représentants du Modef restent vigilants sur ce dossier complexe et technique, qui mérite mieux que les discours simplistes servis dans les instances départementales.

Darrimajou congrès modef
Le foncier

Une thématique fleuve au sein du syndicat… Effectuer un focus sur ce sujet nous a permis d’organiser une soirée-débat en présence de Lucille Leclair, journaliste et autrice de "Hold-up sur la terre", et d’Isabelle Nogaro, vice-présidente de la Communauté de communes du Seignanx en charge de la Transition écologique, de l'agriculture et des déplacements. Lucille Leclair a pu démontrer la façon dont de grandes sociétés accaparent le foncier agricole, augmentant la spéculation foncière et contournant les organismes de contrôle. Quant à Isabelle Nogaro, elle a présenté les alternatives possibles dès lors qu’une collectivité décide de s’emparer à bras-le-corps de la souveraineté alimentaire sur son territoire. Ce trimestre s’est conclu par l’assemblée générale des Fermiers et Métayers en décembre à Bougue. Comme chaque année, cette AG a été l’occasion de faire le bilan de l’activité du syndicat dans les différentes instances où il est représenté : CDOA, CDPENAF, Safer, Tribunal paritaire des baux ruraux, Commission paritaire des baux ruraux, etc. Le syndicat a essayé tout au long de l’année 2023 d’anticiper le plus possible les différentes commissions afin de les préparer au mieux avec notamment la Confédération paysanne des Landes qui a un représentant également. 

Influenza aviaire

La défense de l’élevage en plein air, avec de faibles densités, reste la bataille principale du syndicat, associé à la Confédération paysanne sur ce dossier. La claustration a maintes fois fait la preuve de son inefficacité et même de sa dangerosité, mais les interprofessions, les chambres d’agriculture, le syndicat majoritaire et l’État restent arc-boutés sur ce dispositif. Il en va de même pour les règles de biosécurité qui sont inopérantes pour les élevages de petite taille autarciques en circuit court. Pourtant le Plan Adour, en 2022-2023, qui laissait travailler uniquement les élevages en circuit court pour réduire les densités, a démontré la résilience de ces élevages. Cela a appuyé "l’expérimentation plein air" qui était déjà en cours de discussions fin 2022 et qui s’est mise en place petit à petit au cours de l’année 2023. Ce ne fut pas sans mal à cause des tentatives de récupération par les interprofessions, la FNSEA et les Chambres d’agriculture alors que le ministère avait laissé la gestion de cette expérimentation à la Fadear (Fédération associative pour le développement de l'emploi agricole et rural). 

Autre sujet qui a beaucoup occupé nos représentant : la vaccination. Demandée depuis des années par le Modef des Landes, il aura fallu l’épisode cataclysmique de l’année 2021-2022 pour que cette proposition soit enfin acceptée par les interprofessions, la FNSEA et l’État. Jusqu’alors, ils y étaient réfractaires à afin de préserver nos capacités d’exportation. Les négociations autour de la stratégie vaccinale développée par l’État ont été âpres, car les tenants de la "biosécurité" voulaient la conditionner au respect de la réglementation et donc de la claustration. Nous constatons que la vaccination a permis d’éviter une épizootie mais elle représente un coût et des charges de travail supplémentaires pour les éleveurs et son financement pour les années à venir n’est pas encore arbitré. Nous craignons également qu'elle relance la course effrénée à la production et au volume… Aujourd’hui, compte tenu de la situation sanitaire, de la protection vaccinale et de l’augmentation des températures, le Modef continue de demander l’autorisation de sortir les animaux.

Perspectives

Nous sommes à moins d'un an des élections professionnelles (janvier 2025). En 2023, nous avons mis un coup d’accélérateur sur la construction d’une équipe salariée stable après deux années un peu compliquées, ainsi que dans le tissage d’un réseau plus élargi au sein du monde agricole et au-delà. Les relations nouées avec nos différents partenaires institutionnels, associatifs, paysans, citoyens, nous ont permis de compter sur un soutien important lors de nos différentes mobilisations du début d’année. L’objectif est clair : battre la campagne en vue des élections professionnelles de 2025. Pour cela, nous allons avoir besoin de l’énergie de chacune et chacun d’entre vous ! "Nous appelons donc aujourd’hui toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent plus dans le modèle agricole actuel et qui partagent les valeurs d’une agriculture familiale, paysanne, de qualité, rémunératrice pour les producteurs et accessible pour les consommateurs, vertueuse sur les plans économique, environnemental, social, à participer à cet élan !", a conclu Eric Labaste.

Table-ronde et bodega paysanne

Le Congrès s'est poursuivi par les prises de parole des élus : Dominique Degos pour le Conseil Départemental, Maryline Beyris pour la Région et Boris Vallaud en sa qualité de député. Une table-ronde sur "Les débouchés rémunérateurs pour les produits fermiers" s'est ensuite tenue. Un sujet dont nous reparlerons en détail dans un prochain numéro.

Enfin, comme il se doit, le Congrès s'est achevé par une grande fête paysanne, avec des repas fermiers servis par les militants, une musique assurée par l'Esquipadje de la Luz, de nombreuses discussions et une camaraderie qui a réchauffé les nombreux coeurs présents.

fete MOdef