Qu’est-ce que le Mouvement Paysan des Landes ?
Déjà réunis sur une liste commune lors des élections de 2019, les syndicats agricoles du Modef (Mouvement pour la défense des exploitants familiaux) et de la Confédération paysanne ont décidé de se présenter sous la bannière du Mouvement Paysan des Landes aux élections professionnelles de janvier 2025.
Par ce choix, ils souhaitent insuffler une nouvelle dynamique au militantisme agricole landais en réunissant tous ceux qui oeuvrent pour une agriculture solidaire, durable, responsable et rémunératrice. Céréaliers, maraîchers, éleveurs de bovins, palmipèdes, volailles, chèvres ou moutons, maraîchers, kiwiculteurs, apiculteurs, venus de tous les pays de notre département, les candidats du Mouvement paysan des Landes représentent toute la diversité de l’agriculture locale et de nos territoires.
Pourquoi un Mouvement paysan des Landes ?
Les manifestations des agriculteurs au début de l’année 2024 l’ont à nouveau démontré : le monde paysan n’a rien à attendre du tandem Etat-FNSEA. Après des semaines de mobilisations inédites, les négociations menées par le syndicat majoritaire n’ont apporté aucune réponse à la colère légitime des travailleurs de la terre. Bien au contraire, elles n’ont fait qu’asseoir l’emprise de l’agro-industrie sur notre profession. On sait où nous a menés cette cogestion depuis plusieurs décennies : précisément à la crise sans précédent où nous nous trouvons aujourd’hui.
Face à ce constat, il est essentiel que le monde agricole fasse entendre une autre voix. Une voix qui défende tous les agriculteurs quels que soient leur modèle, la taille de leur exploitation, leurs pratiques et leurs choix de commercialisation. Chaque année, des milliers de fermes disparaissent, non par fatalité, mais parce que des choix politiques encouragés par le syndicat majoritaire les condamnent : libre-échange, course au gigantisme et à l’uniformisation, fléchage des financements et subventions, accaparement de la Pac, abandon des marges à l’agro-industrie et aux distributeurs…
Parce que cette destruction du monde paysan s’accompagne d’une destruction des ressources, des paysages, du lien social et de la ruralité, il est urgent de repenser localement nos modes de production et de commercialisation.
Un programme d’actions pour inverser la tendance
Après plusieurs décennies de gouvernance FDSEA-JA, la « ferme Landes » est au plus mal : entre 2010 et 2020, le département des Landes a perdu 1 300 exploitations, passant de 5 760 à 4 460, l’installation est au point mort, des filières meurent et on assiste à toujours plus de concentration et de spécialisation pour satisfaire aux exigences de l’agro-industrie, lesquelles sont contradictoires avec une production agricole rémunératrice, durable et responsable, comme y aspire l’immense majorité des travailleurs de la terre de notre département.
Pour inverser cette tendance mortifère, le Mouvement paysan des Landes appelle les agricultrices et agriculteurs landais à reprendre en main leur destin à travers un programme commun dont les fondations sont l’autonomie, la répartition du foncier et des volumes de production, la qualité, le travail avec la nature, la transmissibilité des fermes et l’installation de nouveaux paysans.
Une rentrée bille en tête
Porter l’espoir d’une agriculture vivante et dynamique sur le département, pour les paysannes et paysans actuels mais aussi pour les nouvelles générations... C’est le pari qu’ont martelé les représentants du Mouvement Paysan des Landes lors de cette rentrée syndicale du 4 octobre. Après une visite guidée de la Ferme de Burté par Mélanie Martin, la trentaine de sympathisants, élus, représentants de l’Etat et des collectivités, se sont retrouvés sous une serre pour les prises de parole.
« Nous défendons une agriculture moderne et performante, a attaqué Emilie Deligny, porte-parole de la Confédération Paysanne des Landes. Performante socialement par la régulation et la répartition des moyens de production, environnementalement en produisant une alimentation de qualité et en permettant à la nature de nourrir encore demain ceux qui nous suivront, économiquement avec des systèmes résilients et autonomes. »
Devant la préfète des Landes Françoise Tahéri, Julien Mora a ensuite détaillé la situation des filières volailles et palmipèdes, symboles et victimes d’une même course au gigantisme et à l’uniformisation. « On voit bien que les intérêts industriels s’éloignent de plus en plus de ceux des territoires. Il y a une réelle hémorragie sur toutes les productions animales et encore plus en volaille de chair, avec seulement deux installations en 2022 et une seule en 2023. Un comble pour notre département. On pousse un système d’hyper-investissement délirant pour que les éleveurs plafonnent à 0,7 Smic alors qu’avec quelques cabanes il y a peu encore, on parvenait à dégager plus qu’un revenu. Cela à cause des industriels qui poussent aujourd’hui à la surproduction et à la baisse de qualité pour des questions de rentabilité : on peut multiplier par 10 le prix d’une volaille industrielle entre sa transformation et sa commercialisation. »
Et l’éleveur de Mugron de résumer sa pensée : « On parle beaucoup de normes et c’est vrai que la charge administrative, sanitaire, règlementaire, s’accumule. On plaide pour du discernement et de l’adaptation des contraintes à nos systèmes. Mais il ne faut pas en oublier la question centrale du revenu. »
Donner des perspectives positives
Toujours plus d’investissements, de travail, de surface, de charges mais toujours moins de marges, de reprise, de renouvellement des générations et surtout, de revenus… Le constat est partagé par Mélanie Martin, présidente du Modef des Landes : « La question du revenu est essentielle, enchaînait-elle. Les réponses aux manifestations du début d’année ne sont pas du tout satisfaisantes sur ce sujet. Nous portons un modèle différent avec des valeurs comme le plein air, la qualité, la diversification culturale, la défense de l’élevage, l’autonomie technique et décisionnaire, la dynamisation de nos territoires. Tant que la Chambre n’aura pas la volonté de porter ces sujets, il ne se passera rien. Or je crois qu’on est capable de recréer une souveraineté alimentaire à l’échelle du département, de redonner des perspectives positives de développement à nos agriculteurs et à ceux qui veulent s’installer. On ne peut plus se contenter d’une trentaine de dossiers d’installation aidée traités chaque année. Cette agriculture-là ne croit même plus en elle. »
« On sent bien que les attentes des porteurs de projet sont très différentes de ce qui leur est proposé par la Chambre », ajoutait Emilie Deligny en citant l’exemple de l’Adear, qui comme l’Alpad oeuvre pour faciliter l’installation et la transmission.
La matinée s’est achevée autour d’un pot et d’un excellent buffet. Le Mouvement Paysan des Landes donne à présent rendez-vous pour des soirées d’échanges et de convivialité aux quatre coins du département, lors desquelles il dévoilera sa liste et son programme en vue des élections de janvier.