Le Mouvement paysan bat la campagne !

Mélanie Martin, Sylvie Colas et Emilie Deligny à la ferme du Haza.

Le Mouvement paysan bat la campagne !

Le Mouvement paysan bat la campagne !

Après les apéros paysans à Saint-Lon-les-Mines et Onesse-et-Laharie, le Mouvement paysan poursuivait sa campagne ce 16 janvier à la Ferme du Haza de Saint-Aubin, en présence de Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération paysanne.

La vitalité, la combativité et l’énergie de Sylvie Colas sont communicatives ! La secrétaire nationale de la Confédération paysanne, éleveuse de volailles à Lectoure (32), avait accepté l’invitation du Mouvement paysan des Landes ce jeudi 16 janvier, pour une soirée de campagne au coeur de la Chalosse. Une cinquantaine de militants et sympathisants ont répondu à l’appel et se sont retrouvés à la ferme-auberge du Haza pour faire le point sur les grands dossiers de l’agriculture landaise et entendre Mélanie Martin et Emilie Deligny, les deux têtes de liste, évoquer les projets et ambitions du Mouvement paysan.

 

Plein-air et crise aviaire

Le premier sujet qui s’imposait, chez Marion et Benoît Justes, était évidemment celui de la défense du plein-air et de la gestion de la crise aviaire, gestion qui a causé plus de dégâts que la crise elle-même. Dans les Landes, la moitié des éleveurs de volailles et palmipèdes ont disparu au cours des 8 dernières années tandis que d’autres ont été poussés à des investissements colossaux et à des modes d’élevage toujours plus denses et intensifs. « Nous avons, dès 2017, milité pour la vaccination et la dédensification mais ils ne voulaient pas en entendre parler », a rappelé Mélanie Martin, regrettant le temps perdu et l’approche hygiéniste de la crise qui a conduit au mépris et à la stigmatisation de toute une partie de la profession. « On voit bien d’où viennent les derniers cas », a souligné Sylvie Colas, pointant du doigt les énormes élevages en bâtiments de Vendée, érigés en modèles par les représentants majoritaires, ainsi que les risques de mutation du virus qui touche désormais les mammifères.

La question de l’engagement pérenne de l’Etat sur la vaccination, les contrôles à géométrie variable des services préfectoraux, les contraintes sanitaires et règlementaires inadaptées aux petites structures, la lutte pour les indemnisations… Tous ces sujets ont animé le débat entre le public, Sylvie Colas et les deux candidates du Mouvement paysan des Landes.

L’autre préoccupation pour les éleveurs de palmipèdes, c’est évidemment les nouvelles conditions d’accès à l’abattoir Delpeyrat de Gibret et le forfait appliqué dans le même temps par la société Lafitte à Montaut pour les petits lots. Une manière d’exclure les producteurs indépendants de ces outils essentiels à leur survie.

Plus que l’égoïsme et l’irresponsabilité de ces décisions, ce sont les réactions des élus majoritaires qui ont suscité l’indignation, notamment le désintérêt exprimé par la présidente de la Chambre et les administrateurs de Maïsadour pour le sort des éleveurs exclus : « Ce sont des agriculteurs qui excluent d’autres agriculteurs, c’est inacceptable », a souligné Mélanie Martin, rappelant au passage que la Chambre n’avait rien fait pour trouver des solutions alternatives. Ce sont les militants du Mouvement paysan des Landes qui ont rencontré les services de l’Etat et réuni les éleveurs indépendants en plusieurs occasions pour essayer d’imaginer des solutions à la poursuite de leur activité.

 

Revenu et installation

Il fut ensuite question du revenu, « grand absent des négociations » entre l’Etat et la FNSEA-JA suite aux manifestations du début d’année, selon Sylvie Colas, qui a rappelé la pertinence des prix garantis, un mécanisme qui a déjà fait ses preuves et que seul un entêtement idéologique empêche de mettre en place. Emilie Deligny et Mélanie Martin, pour leur part, ont souligné que la question du revenu se jouait aussi localement, dans les rapports de force avec les coopératives qui grignotent les marges des agriculteurs, et la défense des productions de qualité. En 2024 dans les Landes, les mises en place de volailles Label Rouge et IGP Liberté ont baissé respectivement de 11 et 17 % par exemple. D’où la nécessité d’établir des contre-pouvoir localement et de ne pas laisser tous les rouages du développement agricole à un même clan, dont les intérêts et stratégies sont souvent contradictoires avec ceux des travailleurs de la terre.

L’installation-transmission a aussi occupé une large part des débats, avec le bilan famélique de la Chambre d’agriculture des Landes, toujours mauvaise élève sur ce sujet alors que notre département est l’un des plus attractifs du pays. « 1 500 fermes ont disparu dans les Landes entre 2010 et 2020 et en face, on dénombre seulement 39 dossiers d’installation traités par la Chambre en 2024 dans les Landes. Et encore, c’était une bonne année », a situé Mélanie Martin. Emilie Deligny, de son côté, a partagé le ressenti des nombreuses personnes accueillies par l’Adear : un sentiment d’incompréhension, pour ne pas dire de mépris, de la part de la Chambre d’agriculture des Landes vis-à-vis de leur projet d’installation.

« Le travail d’accueil des porteurs de projet, de recherche de foncier, d’accompagnement, ce sont nos syndicats et nos structures, comme l’Alpad et l’Adear, qui l’accomplissent dans le département pour pallier les manques de la Chambre », a rappelé la présidente du Modef et tête de liste du Mouvement paysan des landes.

 

Sur le terrain

D’autres sujets de préoccupation sont venus sur la table par l’intermédiaire du public : les difficultés des éleveurs de bovins, ovins et caprins, eux aussi livrés à leur sort face à la MHE et à la FCO, la suppression du poste de technicien élevage dans les Landes dans ce contexte, les menaces qui pèsent sur les différents abatttoirs de la région, ou encore la diversification. Là encore, force est de constater que les essais et l’accompagnement des groupes paysans sont réalisés par les structures rattachées au Modef et à la Confédération paysanne, de même que la création des nouvelles filières comme ce fut le cas pour l’huile, la farine et le chanvre ces dernières années.

« Tout ce travail de défense des agriculteurs indépendants, d’accompagnement à l’installation, de diversification, nous l’accomplissons avec nos petits moyens depuis des années, a insisté Mélanie Martin. Nous donner plus de poids lors de ces élections, c’est nous permettre d’amplifier ces actions dans les six années qui viennent. »

Emilie Deligny, de son côté, a souligné la diversité de la liste du Mouvement paysan : « Des céréaliers, maraîchers, éleveurs de bovins, porcins, palmipèdes, volailles, chèvres, moutons, porcs, maraîchers, kiwiculteurs, apiculteurs... Venus de tous les pays de notre département, nos candidats représentent toute la diversité de l’agriculture locale, de nos modèles et de nos territoires. »

Et la porte-parole de la Confédération paysanne des Landes de rappeler que tous, à leur manière, sont déjà engagés sur le terrain, dans les syndicats agricoles, les interprofessions, les Cumas et Coopératives, l’Agil, les commissions foncières, les groupes d’éleveurs, l’Alpad, l’Adear, Agrobio 40, le Conservatoire des races d’Aquitaine, etc.

« Nous ne nous contentons pas de revendiquer, a conclu Mélanie Martin : nous agissons au quotidien dans toutes les instances et auprès des services de l’Etat pour défendre les intérêts de tous les agriculteurs. » Une manière de tacler ceux qui sortent du bois tous les six ans pour recouvrir les panneaux d’autocollants à quelques semaines des élections, avant de disparaître à nouveau...