Le billet de Mélanie Martin

Le billet de Mélanie Martin

Le billet de Mélanie Martin

Alors que le département a de nouveau été frappé par de violentes intempéries en pleine période de semis, mille questions se posent sur la solidité de notre modèle agricole : "Aléas" jacta est !

Encore un printemps très compliqué pour nos travaux des champs... En moins de dix jours, trois phénomènes météorologiques violents se sont abattus sur notre département. Ajouté à cela un mois d’avril très frais et pluvieux, et les semis sont loin d’être terminés dans certains secteurs. Et pour ceux qui ont pu les faire, les résultats sont pour le moment peu probants.

Alors que dans les campagnes, on espérait une bonne saison 2025 pour rattraper les trésoreries, les espoirs s’envolent au fur et à mesure que les jours passent. A cette difficulté, s’ajoute l’incertitude de plus en plus forte pour l’avenir. Que faire ? Quelles productions dans des secteurs comme le Tursan ou l’Armagnac qui subissent depuis cinq ans sécheresse, gel et épisodes de grêle destructeurs.

Nous travaillons tous au quotidien pour pouvoir sortir le meilleur de nos parcelles, mais ces aléas nous plongent dans un sentiment d’injustice profonde. Nous avons plus ou moins conscience que nous sommes les premières victimes du changement climatique, mais nous sommes démunis lorsqu’il nous touche. Nous sommes démunis car rien n’est pensé en amont pour nous permettre de passer ces caps difficiles. Le système assurantiel est à bout de souffle, notamment dans le secteur de la viticulture, mais pas seulement. Avec, là aussi, un accroissement des inégalités pour ceux qui ne peuvent plus y accéder par manque de trésorerie.

Aujourd’hui, tout le monde fait ce constat. Mais là où notre vision diverge, c’est sur les solutions à mettre en œuvre. Jusqu’à présent, la règle du jeu était de laisser faire les marchés, de laisser prospérer les profits (par la même occasion) et de ne faire intervenir l’Etat que pour poser des pansements à chaque crise. Or les crises se répètent et s’intensifient, et les pansements ne suffisent vraiment plus. Il faut donc retravailler le rôle de l’Etat face aux enjeux de notre profession. Les outils existent et ont existé, comme les caisses de compensation, ou les mécanismes de calamités agricoles qui ne couvrent aujourd’hui que maigrement les secteurs délaissés par les assurances.

La vision libérale de notre agriculture nous a poussés dans les bras du système assurantiel, qui aujourd’hui nous étrangle avec son taux de cotisation exorbitant et son calcul des rendements.

Il nous faut revenir à des valeurs et des mécanismes de solidarité forts, afin de retrouver une certaine égalité dans notre profession. Et l’Etat doit reprendre son rôle de régulateur face à l’enjeu de la souveraineté alimentaire, s’il ne veut continuer à voir se dépeupler notre profession, et toute l’économie circulaire qui nous entoure.

Encore une fois, notre agriculture a de l’avenir, mais elle doit urgemment être véritablement accompagnée dans sa protection, dans sa transition, en gommant les inégalités profondes de revenus.