Le billet de Benoît Justes

Le billet de Benoît Justes

Le billet de Benoît Justes

Il est peut-être temps de revoir nos priorités avant que le virus ne le fasse pour nous !

Alors que la France fait face à un contexte sanitaire tendu dans le secteur avicole, la récente décision de l’État de réduire sa prise en charge du vaccin contre la grippe aviaire — passant de 70 % à seulement 40 % — suscite incompréhension et inquiétude. Cette baisse du soutien financier intervient au moment où les éleveurs s’efforcent, non sans difficulté, d’endiguer la propagation du virus H5N1, qui menace la pérennité de nos exploitations et de nos filières.

 

Ce revirement budgétaire soulève une question : l’État peut-il se désengager d’une politique sanitaire qu’il a lui-même encouragée il y a tout juste un an et demi ? La vaccination est aujourd’hui l’un des rares leviers efficaces pour contenir l’épizootie sans recourir à des abattages massifs, coûteux économiquement et moralement épuisants pour les éleveurs. La transition vers une vaccination de masse, réclamée de longue date par le Modef et amorcée en 2023, était porteuse d’espoir. Elle risque désormais de devenir un fardeau pour les agriculteurs déjà fragilisés.

 

Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis voient les cas de grippe aviaire exploser. Le virus s’est même récemment transmis à l’homme, via une vache laitière infectée au Texas — une première. Là-bas, les autorités sanitaires parlent d’urgence et investissent massivement dans la surveillance et les réponses épidémiologiques. Une stratégie qui contraste avec celle de la France, qui semble envoyer à ses agriculteurs un double message : vaccinez, mais débrouillez-vous pour payer.

 

La grippe aviaire n’est pas un simple enjeu agricole, c’est un problème de santé publique, un défi économique et un test de solidarité nationale. Le désengagement de l’État menace la sécurité des filières volailles et palmipèdes et donne aussi un signal inquiétant quant à la place réelle accordée à notre souveraineté alimentaire.

 

Les agriculteurs ne demandent pas l’aumône, ils demandent de la cohérence. Et au regard de ce qui se profile chez nos voisins américains, il est peut-être temps de revoir nos priorités avant que le virus ne le fasse pour nous.