Pas facile d’écrire cet édito, quelques jours avant le dépouillement et sans connaître l’issue de ces élections. Alors pour faire face à cette période de flottement, je vais vous faire part de mes impressions pour ce qui fut une grande première pour moi.
Vous avez peut-être l’impression qu’il n’y a eu que quinze jours de tractations, durant lesquels nous vous avons sollicités pour activer et réactiver toutes les forces vives. Mais depuis plus de six mois maintenant, notre esprit syndical a été dirigé exclusivement vers ces élections. Je dis « notre » car c’est toute une équipe qui s’est mobilisée : la refonte du journal, du site internet, une présence indispensable sur les réseaux, et une visibilité médiatique plus forte, des soirées thématiques sur des sujets centraux, de l’affichage en bord de route, des réunions préparatoires à n’en plus finir et le tout, en continuant la bataille syndicale du quotidien. C’est pourquoi j’adresse un sincère « merci » à toute l’équipe du Modef pour son implication depuis des mois. Je remercie également la Confédération paysanne, Emilie, avec qui nous formons un beau binôme, ainsi que toute son équipe.
L’émergence du Mouvement paysan a été possible, grâce à toute cette émulation et tout l’investissement de ces personnes. Cette première campagne, fut dense, riche et un peu éreintante, mine de rien ! Nous y avons mis beaucoup de cœur et d’énergie, j’espère qu’elle a été à la hauteur de vos attentes. En tout cas de notre côté, pour le moment, pas de regret ! Les résultats nous permettront d’analyser nos failles mais la création du Mouvement laisse place à un bel avenir.
Les rencontres et échanges qui ont eu lieu lors de cette campagne nous apportent quelques signaux positifs, avec des jeunes installés qui sont prêts à s’investir, avec une clairvoyance chez de nombreux collègues face aux enjeux agricoles de demain et surtout une nouvelle dynamique grâce à cette jeune liste du Mouvement paysan.
Se raccrocher à ces signaux ne sert pas à passer de la crème, plutôt à essayer de relativiser la réalité catastrophique du paysage agricole landais. Ces élections, nous ont permis de décortiquer, canton après canton, commune après commune la typologie des agriculteurs du département. De nature plutôt optimiste, je dois avouer que le passage en revue des listes a été une claque pour moi. Entre les communes où il n’y a plus d’agriculteurs, ou simplement un ou deux, ceux dont on sait qu’ils ont largement l’âge d’être à la retraite (et ont recours aux ETA ou aux parcelles en jachère juste pour toucher la Pac), les activités équestres, d’élevage canin, qui certes sont parties intégrantes du monde agricole mais qui ne participent que trop rarement à notre vie syndicale et ne jouent aucun rôle face aux enjeux de souveraineté alimentaire... Bref ! Le paysage agricole landais est dans un état pitoyable !
Cette analyse des électeurs révèle également la perte du nombre d’exploitations, car dans ce panel d’agriculteurs, il y a encore un grand nombre de conjoints collaborateurs, de Gaec et d’associés. Ce qui démontre que de la valeur ajoutée peut être dégagée sur ces exploitations. Mais cela diminue encore un peu le nombre des fermes. Pour rappel, nous sommes 3 500 votants à ces élections, pour l’un des départements les plus grands de France.
Avec à peine 50 % de participation dans le collège des exploitants, et ce malgré un contexte agricole tendu, ces élections n’ont pas su mobiliser les agriculteurs landais. Résignés, désespérés, apolitiques ? Ces chiffres sont là aussi inquiétants car en tant que responsable syndicale, je tiens en haute estime l’engagement, le militantisme, l’envie d’améliorer nos conditions de vie, de réduire les injustices, de protéger les autres, surtout dans une société individualiste qui n’épargne pas notre profession, loin de là !
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : nous ne serons qu’un petit nombre demain mais la détermination de ne pas se faire écraser restera intacte. Puis, nous avons déjà construit bon nombre d’outils qui nous permettront de rester autonomes et de maintenir du revenu sur nos exploitations. Alors demain et après-demain, nous serons là pour faire fonctionner tous ces outils, portés par et pour les paysans, ainsi que pour en imaginer de nouveaux !