« Le choix du semis simplifié s’est fait car j’avais une problématique de battance sur une parcelle. Une autre année, j’ai aussi eu de l’érosion hydrique… Depuis, ces problématiques ont été résolues, on est en TCS (technique culturale simplifiée) et on transite petit à petit vers du SDCV (Semis direct sous couverture végétale).
En passant au SDCV, il faut reconnaitre que l’incidence n’est pas tant sur le rendement mais plutôt sur les risques ; on solutionne les inconvénients du labour, mais on s’expose à d’autres avec le SD : entre autres, il y a davantage de risques sur le désherbage du couvert. Ensuite, avec ce paillage, on est plus sujet aux limaces, les sols se réchauffent moins vite, ce qui protège un peu moins du gel. Le maïs démarre donc plus lentement, d’ailleurs j’ai remarqué une différence de 0,5 à 1 % d’humidité en plus à la récolte par rapport à un maïs en TCS. Malgré ça, économiquement, c’est jouable ! Il y a pratiquement 100 euros d’économie à prendre sur les coûts d’implantation. Sur l’irrigation, on peut espérer 1 à 2 tours d’eau en moins avec le semis direct car on limite l’évaporation en ne touchant pas le sol et puis ça améliore la vie du sol. On dit souvent qu’il n’y a pas beaucoup de vers de terre dans les sables, eh bien j’en ai retrouvé dès les premières années après le passage en semis direct.
Alors pour maîtriser au mieux, c’est essentiel de se former, échanger un maximum avec les autres, expérimenter sur une petite surface et se faire accompagner !
Jusqu’à 170 qtx/ha
Le semis direct, ça peut faire peur au début mais il ne faut surtout pas abandonner ! On se demande si ça va fonctionner et puis finalement le rendement est là. Mise à part peut-être les deux premières années, le temps d’avoir une bonne activité biologique, il n’y a pas eu de baisse de rendement ! L’an dernier, pour des semis fin mars, les rendements les plus bas sont de 125 qtx et les plus hauts à 170 qtx. On peut faire d’excellents rendements avec du semis direct… si toutes les étoiles sont alignées bien sûr ! Maintenant le but c’est de réduire les fumures. »
875 €/ha de marge brute
Ainsi, comme l’explique l’agronome renommé Frédéric Thomas : « En économie comme en agronomie, l’agriculture de conservation est une forme d’investissement à moyen terme qui demande une certaine patience avant de voir arriver les bénéfices. »
Par ailleurs, Olivier Binchet a choisi de partager en toute transparence ses résultats économiques en semis direct. Il convient toutefois de rappeler que ces données se réfèrent à l’année 2023, marquée par des conditions climatiques et une inflation particulières. Une analyse sur plusieurs années permettrait d’obtenir une vision plus représentative et fiable.
La pratique engendre des dépenses spécifiques, comme les 53 €/ha pour les semences de couverts, les 13 €/ha pour les herbicides couverts et les 19 €/ha pour l’anti-limaces. Ces coûts, bien qu’inévitables, restent modérés et sont compensés par une réduction significative des frais d’implantation (120 €/ha) par rapport aux pratiques traditionnelles. Avec une marge brute de 875 €/ha, le SDCV affiche une performance satisfaisante. À titre de comparaison, la Chambre d’agriculture des Landes indique que, pour le maïs grain irrigué en 2023, 60 % des surfaces étudiées ont généré des marges brutes comprises entre 778 et 1 347 €/ha. Pour la saison 2024, bien que les données définitives ne soient pas encore disponibles, les premières prévisions d’Agreste anticipent une baisse des rendements d’environ 10 %.
Enfin rappelons que le semis direct n’est pas une fin en soi, mais un objectif, il peut arriver à ces pionniers de retravailler le sol quand les conditions pour réaliser un semis direct ne sont pas réunies !
Article rédigé par l’Alpad dans le cadre de programmes d’actions financés par la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Europe (Feader).